Zoom, le paquebot "France"

Ambassadeur de la French Line, le paquebot France (troisième du nom), est construit aux Chantiers de Saint-Nazaire en 1957, ses dimensions sont de 315,66 mètres de longueur, largeur de 33,70 mètres, orné de 12 ponts pour une surface totale de 8 hectares. On relève quelques innovations techniques avec une coque presque entièrement soudée avec un léger bulbe d’étrave, ou encore, quatre ailerons stabilisateurs de roulis. Toutes les cabines passagers et postes d’équipage semblent climatisés, un vrai luxe pour l’époque.

Sa décoration et son architecture reflètent les années soixante, il est surnommé le “Faubourg Saint Honoré de l’Atlantique” ou encore le “Nouveau château de la Loire”. Les décorateurs Jean Leleu ou encore Maxime Old participèrent à cette mise en beauté. L’art est à l’honneur, des grands noms de la peinture contemporaine tels que Picasso, Braque sont représentés par des œuvres parfois méconnues qui se retrouvaient dans les suites luxueuses.

Sa première traversée transatlantique a lieu le 3 Février 1962, à son bord un peu plus de 1 800 passagers. Des milliers d’ Havrais sont présents pour le premier départ de France. La traversée dure 5 jours, à son arrivée dans la rade de New York le 8 février 1962, le France est accueilli par une parade de remorqueurs, bateaux-pompes, embarcations privées, qui l'accompagnent, ainsi que d’hélicoptères et avions.

France n’est pas qu’un paquebot de ligne, il est également un paquebot de croisière. La première eut lieu en janvier 1962 avec la présence de sa marraine à bord, Mme de Gaulle, ayant pour destination les Canaries, la première croisière “Méditerranée” en 1966, sans compter la fameuse croisière “Impériale” sur 21 jours entre la Corse, l’île d’Elbe et Sainte-Hélène dans le cadre de manifestations pour le bicentenaire de la naissance de Napoléon lors de laquelle sera organisée une vente aux enchères d’objets ayant appartenu à l’Empereur.

Mais le temps des traversées et croisières est en perte de vitesse. Les 338 000 passagers transportés en 1969 tombent à 132 000 en 1973, le trafic aérien atteint 12 millions de passagers. Pour pallier cette récession, l’armement multiplie les croisières et effectue deux tours du monde en 1972 et 1974. La dernière lui fera perdre 28 millions. 

Autre cause, le premier choc pétrolier, le coût du mazout est multiplié par quatre, il en faut 600 tonnes par jour pour alimenter les 160 000 CV du France. Augmentation de 25% des dépenses d’équipage…En 1974, le déficit d’exploitation atteint les 100 millions de francs. Le 9 juillet, le gouvernement décide de ne plus subventionner le paquebot, la Transat riposte en menaçant de le désarmer. Le compte à rebours est lancé. Le 11 septembre, quelques membres d’équipage contraignent le commandant à mouiller dans le chenal. Dans un climat social et politique très flou, personne ne prend ses responsabilités pour la survie de ce symbole de prestige national. Le Havre se mobilise pour éviter le désarmement du France avec de nombreuses manifestations fin 1974.

Au terme de longues tractations avec les syndicats, le France ne revient au Havre que pour s’amarrer au quai de l’Oubli où il va y rester cinq années.

Le 25 octobre 1977, le France est vendu au milliardaire saoudien Akram Ajjeh, voulant en faire un musée flottant témoin du patrimoine français. Mais ne trouvant pas un port d’attache pour son projet, il revend le paquebot à l’armateur norvégien Knut Kloster. France devient Norway quittant le port du Havre le 18 août 1979 direction Bremenhaven en Allemagne pour les travaux de transformations.

Sources : “Les paquebots ambassadeurs des mers” - Pierre-henri Marin - Ed. : Découverte Gallimard / “Mémoire de la French Lines : Le France et autres transatlantiques de légende, vol. 2” - F. HAuguel. P. Peslier et A. Perroy - Ed. PTC - Wikipédia