La Seine à Rouen

Les fonds iconographiques dont nous disposons montrent que la baignade et la natation sont très prisées par la population.

Photogramme tiré du film " Aquaplane en Seine", Robert Dasché, 1930

De Paris à son estuaire, le fleuve est donc appréhendé également comme un espace de loisirs par les riverains.

Photogramme tiré du film "Vernon les bains",  Roger Guersent, 1932

Tirant parti de la révolution industrielle, le port de Rouen est le pilier de l’économie locale. Son activité est d’autant plus importante qu’il est le port maritime le plus proche de la capitale. Il en résulte que les quais de la ville sont prioritairement dédiés aux aménagements portuaires commerciaux et industriels comme en témoignent les bateaux arrimés aux quais eux-mêmes couverts de marchandises.

Photogramme tiré du film "Rouen avant 1938",  RobertDasché

Si la Seine constitue le cœur de la cité, elle agit également comme une frontière mentale : la rive gauche, où se concentre l’industrie (chimie et coton), agit comme un repoussoir pour les Rouennais. Le bras sud du fleuve est entièrement réservé à la circulation fluviale tandis que les pratiques de loisirs sont tolérées dans le bras nord de la Seine.  

En 1847 est créée la Société des Régates de Rouen avec deux objectifs majeurs : développer les métiers autour de la navigation fluviale et organiser des fêtes nautiques. Cette société est à l’origine du Club Nautique et Athlétique de Rouen (CNAR) qui voit le jour en 1921 et qui est toujours actif aujourd’hui, tout comme son alter ego elbeuvien.

  Photogramme tiré du film "Régates CCN", Robert Prieur, 1948               

Photogramme tiré du film "Peinture et baignade" au CNAE, Maurice Lehucher, 1960

Des compétitions de natation apparaissent : en 1866, les nageurs doivent franchir la Seine entre l’île Lacroix et le Pré-aux-Loups sur 190 mètres. Cette épreuve perdurera jusqu'en 1935 et la construction de la piscine Gambetta.

Photogramme tiré du film "France Actualités" - 1943 - Source INA

La Traversée d'Elbeuf est organisée à partir de 1907, sur une distance d’environ 1 500 mètres, de l'île de l'Épinette au pont de bois. La traversée a lieu jusqu’en 1962, date de la construction de la piscine municipale.

Photogramme tiré du film "Traversée de la Seine", MauriceLehucher, 1957

André Bournisien est un héros local qui a déjà traversé en 1926 l’estuaire de la Seine, la Manche et la Tamise, en canoë. En 1928, avec cinq équipiers, il part du port de Rouen où se pressent 10 000 personnes, pour une expédition de 6 000 km en Amérique latine sur le fleuve Amazone.

Avec emphase, le Journal de Rouen décrit la façon dont la « mission Bournisien » quitte le port, suivie par les rameurs du CNAR, sous les applaudissements et les encouragements du public. Leur escorte « s’éloignait puis s’estompait dans le ciel gris ; ils devenaient imprécis, seules les pagaies gardaient leur rythme précis : on eût dit que des drakkars, montés de fiers Normands, descendaient, Paris conquis, vers la mer ou bien que les esquifs d’Érik le Rouge s’en retournaient à la recherche de l’Amérique inconnue ». 

L’équipage de Bournisien descend la Seine jusqu’au Havre, où il embarque dans un paquebot transatlantique. Mais l’expédition se solde par un échec. Contrairement aux attentes des Rouennais, l’Amazone est en réalité très peu navigable en canoë. Finalement, la manifestation qui avait été prévue pour fêter le retour des Rouennais n’a pas lieu.

Mais nous reparlerons d’André Bournisien.